22 août 2012

La traversée du Louvre, David Prudhomme


David Prudhomme déambule dans les galeries du musée du Louvre. Le voilà qui observe l'étrange ballet muet qui se tisse entre les œuvres et leurs visiteurs...
Waouh !

Après Aux heures impaires d'Éric Liberge, Période Glaciaire de Nicolas de Crécy et Les sous-sols du Révolu de Marc-Antoine Mathieu, je poursuis ma découverte de l'excellente collection née de la collaboration entre le musée du Louvre et des scénaristes/illustrateurs talentueux. Ces ouvrages, à mi-chemin entre BD traditionnelles et beaux-livres, proposent au lecteur de découvrir l'institution mythique sous un angle nouveau, propre à chaque artiste qui se livre à l'exercice.

Une salle ; un homme de profil devant un tableau. Cette homme n'est autre que David Prudhomme lui-même, qui s'empresse de répondre à l'appel qui émane de sa poche et vient troubler la quiétude du musée. En se mettant en scène au téléphone, l'auteur développe une narration originale, où ce qui n'est pas dit est tout aussi important que l'explicite. On devine, on imagine, on se représente. On apprend que David est venu avec sa femme, Jeanne, qu'ils se sont perdus de vue et qu'ils entreprennent de se rejoindre. Cette recherche devient le prétexte à une déambulation apparemment sans queue ni tête qui donne l'occasion au lecteur d'approcher aussi bien les œuvres que le public. Car c'est lui, le personnage principal : ce public mouvant, changeant, bariolé, parfois étrange. David Prudhomme jette un regard curieux, presque anthropologique sur la foule qui se presse devant les chef-d'œuvres du monde entier. Il dépeint, souvent de façon muette, les petites manies et les coïncidences, les heureux hasards et les incongruités.


Très vite, je n'ai plus eu l'impression de lire une BD mais de regarder un tableau. J'ai flâné à mon tour parmi les vastes planches très structurées qui se succèdent pour raconter avec finesse le choc des cultures et des générations, bref, le temps qui passe. Le texte, laconique, vient rythmer la lecture sans jamais troubler la rêverie. Les grandes illustrations au fusain et crayons de couleurs accentuent cette atmosphère légère et évaporée, presque irréelle, qui pousse le lecteur à prendre son temps.
 
La traversée du Louvre semble moins onirique que ses prédécesseurs mais la poésie n'en imprègne pas moins toutes les pages. L'auteur pose un regard amusé sur ses concitoyens mais soulève aussi de véritables questions sur la nature de l'art, sa place dans nos sociétés, l'importance du public, etc., autant de questions qui font écho à ma formation et me passionnent.  Prudhomme signe ici un album très accessible et récréatif qui ne manquera pas d'émerveiller petits et grands. On en sort avec l'envie d'aller à notre tour observer les badauds qui se pressent devant les tableaux...


La traversée du Louvre, David Prudhomme
Éditeur : Futuropolis & Louvre Éditions
Paru en 2012
74 pages
17 €
ISBN 978-2-7548-0785-2



Mo'

4 mot(s) doux:

  1. Il faut absolument que je lise cette BD !

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  2. Je te la recommande chaudement, elle est vraiment superbe ! :)

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  3. Premier album qui m'est accessible dans cette collection. Superbe travail réalisé sur les jeux de perspectives. J'ai réellement apprécié ce regard qui nous montre que le spectacle est ailleurs qu'à l'endroit où on l'attend. Très bel article qui me donne envie de relire cet ouvrage ^^

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  4. Je ne connaissais pas du tout, mais alors là ça me tente terriblement. =)

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