18 octobre 2015

Bluebird, Tristan Koëgel

Minnie est la fille d'un musicien qui chante le blues sur les routes du Mississippi. Elwyn est le fils d'un Irlandais, le contremaître d'une immense plantation. Quand ces deux-là se rencontrent, ils tombent amoureux. Mais dans l'Amérique des années 1940, en pleine ségrégation, qui oserait croire que leur histoire est possible ?

Minnie vit depuis son enfance sur les routes avec son père. Songmen, il a tourné le dos au travail harassant dans les plantations pour devenir musicien itinérant. Tout plutôt que ramasser la fleur de coton ! Aujourd'hui, Minnie a 13 ans, et joue de l'harmonica pour accompagner son papa. Mais lorsqu'ils entrent dans cette plantation, le jour funeste où Minnie s'est tordu la cheville, ils ne se doutent pas qu'ils entrent chez le diable lui-même... Après un terrible coup du sort, Minnie est contrainte de s'enfuir à Chicago, où elle espère bien réaliser son rêve : enregistrer un disque !

Vous l'aurez compris, Bluebird est un roman musical. Je vous conseille d'ailleurs de le lire à proximité d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un téléphone afin que vous puissiez profiter pleinement de tous les morceaux auxquels l'auteur fait référence tout au long du récit. Moi qui ai littéralement baigné dans le blues depuis ma naissance, c'est un plaisir sans nom de redécouvrir tous ces titres, parfois dans des versions que je ne connaissais pas. Mais parlons un peu de l'histoire maintenant !

Si la quatrième de couverture laisse présager une histoire d'amour, Bluebird est loin de se réduire à une simple romance entre adolescents. Prenant corps dans les années 1940 dans un état ségrégationniste, le récit alterne les points de vue de trois personnages principaux : Minnie, évidemment, Alwyn, fils d'immigrés irlandais et Nashoba, un indien américain déraciné. Et ce qui m'a beaucoup plus dans ce roman, outre sa bande son du tonnerre, c'est que tout y est affaire de masques. Dans un contexte où le moindre geste ou la moindre parole peut vous faire tuer, chacun doit travestir ce qu'il est en réalité et avance à visage caché. Au fur et à mesure du récit, on découvre alors que rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît, ou, n'y voyez pas là un mauvais jeu de mots, rien n'est aussi noir ou aussi blanc que l'on croît.

Chaque personnage possède une histoire complexe qui montre à quel point les préjugés, la peur et l'agressivité ont gouverné pendant des années. Mais ne vous y trompez pas : Bluebird est un récit dans la plus pure tradition romanesque. L'héroïne, que l'on croit parfois brisée ou vaincue, se relève toujours de ses cendres et fini par remporter la victoire. Ce sera d'ailleurs mon petit bémol pour cette histoire aux coïncidences parfois un peu trop heureuses à mon goût. Le réalisme s'arrête où commence le happy end... Malgré tout, j'ai beaucoup aimé ce roman choral aux thèmes variés qui ne manquera pas de vous donner envie d'en savoir plus sur le blues, le panorama musical de ces années là, le travail dans les plantation, l'immigration irlandaise ou encore le Ku Klux Klan... Ou peut-être tout cela à la fois !
Quand tu joues le blues, Minnie, c'est comme si tu riais et pleurais en même temps. Le blues, c'est comme un tout petit nuage dans un ciel d'après-midi. Un petit nuage, tout fin, tout blanc, mais qui te serre le ventre, sans que tu saches trop pourquoi. Tu comprends ? Mais le blues, c'est aussi comme une éclaircie qui traverse un orage ou comme une cerise juteuse sur un gâteau trop sec. Ça... ça oeut te faire rire aux éclats quand tu devrais tomber, les genoux dans la boue. Tu vois ?

Et c'est l'occasion pour moi de vous partager deux de mes morceaux de blues préférés... N'hésitez pas à me donner les vôtres !

Howlin' Wolf - Smokestack Lightning
John Lee Hooker & Bonnie Raitt - I'm in the mood

Bluebird, Tristan Koëgel
Éditeur : Didier Jeunesse
Paru en septembre 2015
315 pages
14.20 €
ISBN 9782278081608

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